Né en 1983, Le Turk se fait connaître en gagnant en 2011 le Grand Prix Azart Photographie.
« Tout ce qu’on vous demande c’est d’y croire, d’avoir la foi qui sauvera le Spectacle. »
« Étranger, c’est à toi que s’adresse ce message. Laisse-toi guider par cette étrange apparition, qui t’éloigne du rivage et qui te plonge dans les tumultes de la vie.
Ce monde est celui de Monsieur Le Turk, un univers coloré où l’imagination ne cesse d’évoluer et où le spectateur ne sait plus à qui ou quoi se fier. Du réalisme et une sacrée dose de folie sont le secret de la réussite des explorations photographiques de ce grand artiste. Une humanité dégoulinante, mauvaise, sublime, idéaliste, amoureuse, perdue, désillusionnée…Venez visiter cette post-humanité, comme on visite un parc d’attraction avec « ses pêches aux conneries, ses palais de l’arnaque, ses loisirs, ses vacances » ; comme il aime les appeler. Beaucoup de Jan Saudek, un peu d’Erwin Olaf pour la plastique, le tout aux accents lointains d’un port d’Amsterdam de Brel.
Pour le Turk, rien n’est impossible. Tous ses univers, qui sont d’abord le fruit d’une imagination visuelle et picturale, sont accessibles à l’ensemble de ses acolytes. Son inspiration, il la trouve en portant un regard tendre et dévoué sur le monde, en le touchant du bout des doigts ou en le caressant à pleines mains. Pour ensuite le retranscrire, le traduire, en travaillant, comme si sa vie en dépendait.
Il ne se contente pas de capturer l’image, il la crée, la met en scène dans son studio, elle s’incarne dans sa peinture, ses décors, ses modèles. On pourrait croire à des photographies volées dans la rue tellement l’artiste est obsédé par la vie, par l’instant. Sa dernière série, Retour en Terres Nulle-Part évoque la peur, le repli, la passion, la haine, le déclin, la décadence, le cynisme. Ces sujets ne peuvent que vous fasciner, vous déranger, vous toucher en plein cœur, car Le Turk parle de vous. Il vous regarde. C’est ce qui fait son charme : une prise de risque qui avait déserté l’art contemporain.
Le Turk désire plus que tout vous faire partager la chaleur de sa folie, de ses doux plaisirs, nous inviter encore et encore dans un océan photographique peuplé de « jongleurs ratés, d’anges déçus, d’enfants gâteux, d’acrobates bouffis, d’obsédés, de menteurs, de pourris, de paumés sublimes, de précieuses catins », comme autant de miroir de notre propre humanité. Reflet déformant, ou révélateur d’une réalité, de notre réalité.
Pour l’artiste, une belle photographie, c’est celle où la magie opère. Cette magie, Le Turk l’a éprouvée un soir, en écoutant l’introduction de la Passion selon Saint Jean de Jean-Sébastien Bach. C’est cette terrible sensation qu’il a voulu garder en mémoire, ce pincement au cœur qu’il a voulu à tout prix vous retransmettre, cet inépuisable désir, cette émotion, cet amour inconsidéré pour l’humanité, pour son art. C’est son fardeau, son cadeau.
Le Turk, authentique, passionné, fidèle, fait partie de cette génération d’artistes qui a su s’adapter aux nouvelles conditions de création. En trois ans, il a rapidement suscité l’attention et aujourd’hui sorti de l’ombre, il s’est fait un nom et une notoriété internationale. »
Philippe Murray